Carnet du 19 juin 2025

L’art du tissage artisanal

Photo montrant les cadres et le battant d’un métier à tisser

Le tissage artisanal, un métier d’art

Savoir-faire d’exception entre tradition et modernité, le tissage artisanal est un processus dont le but consiste à croiser perpendiculairement des fils à l’aide d’un métier à tisser et d’une navette afin de créer un tissu. Les fils enroulés et tendus préalablement sur le métier sont appelés fils de chaînes et les fils insérés transversalement par une ou plusieurs navettes sont les fils de trame.

100 % artisanal lorsque le métier à tisser et la navette sont actionnés par les mains et les pieds du tisserand, il devient semi industriel dès lors que le métier est mécanisé. Dans ce dernier cas, la cadence de production offre certes un rendement plus élevé mais au détriment de la qualité de certaines finitions artisanales qui contribuent à la robustesse des articles produits… 

Quel que soit le mode de production, les grandes étapes du tissage sont les mêmes et peuvent s’apprendre à l’occasion d’un stage de tissage. Seul le matériel et le degré d’intervention de la main de l’homme changent.

Étape 1 : Design et approvisionnement

Avant d’être un artisan d’art, tout tisserand accompli est un designer textile. Il doit être capable, par son expérience de la matière et sa connaissance des étoffes, de déterminer, pour un projet et un usage donnés, la qualité du tissu à produire en termes de nature des fibres utilisées, d’épaisseur et de facture. Dès lors, il est en mesure de calculer au plus juste les quantités de fils nécessaires en chaine et en trame qu’il devra commander auprès des filatures, dont il doit connaître le réseaux et les produits, jusque dans les détails les plus pointus de leurs caractéristiques techniques : composition, retord, titrage, teinture…

Étape 2 : Ourdissage ou préparation de la chaine

Plus ou moins délicate selon la nature des fils retenue et la complexité du projet tissé, l’ourdissage constitue une étape clef du tissage en ce sens qu’il permet de préparer sur le métier à tisser plusieurs centaines voire plusieurs milliers de fils de chaine, à une même longueur atteignant régulièrement plusieurs dizaines de mètres, dans un ordre précis donné, et selon une série de gestes maitrisés qui visent à éviter que ces fils ne s’emmêlent ou ne viennent à casser.

Deux méthodes majeures d’ourdissage peuvent être utilisées :

• La méthode indirecte, qui consiste dans un premier temps à préparer sur un instrument appelé ourdissoir le nombre de fils nécessaires à la longueur voulue et à les transférer dans un second temps sur l’ensouple arrière du métier à tisser (ensouple = cylindre de bois destiné à recevoir les fils de chaine), 

• la méthode directe, qui permet d’enrouler directement les fils de chaine sur l’ensouple, et qui ressemble fortement à l’ourdissage industriel.

Intuitivement on pourrait croire que la méthode directe est la plus efficace, or dans la majorité des cas, un ourdissage indirect maitrisé reste la méthode la plus rapide et la plus polyvalente en tissage artisanal.

Étape 3 : Enfilage des cadres et du peigne

Véritable moment de méditation, l’enfilage est une des étapes du tissage qui requièrent le plus de concentration. Au cours de celle-ci, les fils de chaine sont passés un à un au travers d’œillets métalliques ou textiles appelés lisses qui se présentent sur les cadres du métier à tisser, puis à travers les dents d’un peigne métallique installé sur le battant du métier.

Il convient d’enfiler chaque fil sur le bon cadre, en fonction du motif et de la texture souhaités, et de s’assurer que les fils de chaine restent bien parallèles entre eux et qu’ils ne se croisent à aucun endroit… dans le cas contraire des erreurs peuvent apparaître dans le motif lors du tissage.

A la fin de l’enfilage, les fils de chaine sont tendus en les attachant à une seconde ensouple, située elle à l’avant du métier, sur laquelle viendra s’enrouler le tissu une fois tissé. La régularité de la tension sur toute la largeur de la chaine est un des garants de la qualité de l’étoffe obtenue.

Étape 4 : Tissage ou passage de la trame

Le tissage à proprement parler est l’étape centrale du processus par laquelle on voit naître le tissu. Concrètement elle consiste à faire passer transversalement un fil de trame entre deux nappes de fils de chaîne, à l’aide d’une navette. Afin de séparer la chaine en deux nappes, le tisserand actionne les cadres à l’aide de pédales. Les cadres entraînent alors dans leur mouvement les lisses qu’ils supportent et le fils qui les traversent. Une fois inséré entre les fils de chaine les fil de trame est tassé contre le tissus déjà tissé à l’aide du battant du métier équipé du peigne.

Étape 5 : Finitions et ennoblissement 

Une fois le tissu terminé, il est retiré du métier en coupant les fils de chaine et en le déroulant de l’ensouple avant. On coupe les extrémités des fils de trame qui dépassent, et qui ont été rentré au fur et à mesure du tissage. On remplace les éventuels fils qui ont cassé au tissage, on lave et parfois on foulonne le tissus. Sur certains articles on ajoute des franges. Et on coud une étiquette indiquant l’atelier de production. Les finitions en artisanat contribuent significativement à la qualité des pièces tissées.